Sandrine Dunoyer
Rebouteuse
Praticienne Naturopathe
Animatrice d'ateliers et conférencière
en écologie(*) de la santé et de l'environnement
(*) Science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes)
avec leur environnement, ainsi qu'avec les autres êtres vivants. (Larousse 2022)
La naturopathie est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme la médecine traditionnelle occidentale. Elle fait ainsi partie, avec la médecine traditionnelle chinoise en Chine et la médecine traditionnelle ayurvédique en Inde, des trois principales médecines traditionnelles pratiquées dans le monde. Elle est la plus représentée géographiquement avec plus de 110 000 praticiens et praticiennes dans 108 pays
De nombreux pays ont reconnu officiellement la naturopathie comme médecine traditionnelle de première ligne : Afrique du Sud, Allemagne, Australie, Belgique, Chine, Danemark, Grande Bretagne, Irlande, Israël, Norvège, Pays Bas, Portugal, Russie, Suède, Suisse ainsi que le continent Indien, une douzaine d’Etats des USA et 5 provinces du Canada (la Colombie-Britannique, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l’Ontario et la Saskatchewan).
Dans certains de ces pays, les naturopathes sont habilités à poser des diagnostics, à commander des analyses et des tests (radiographies, analyses de sang ou d’urine…), à prescrire des traitements, à prodiguer des soins et à diriger les patients vers des médecins spécialistes.
Reconnaissance et réglementation en France
Actuellement en France la naturopathie fait partie, au même titre quela sophrologie, la médecine traditionnelle chinoise, la mésothérapie,l’auriculothérapie et l’acupuncture, des pratiques et techniques qui peuvent
être dénommées de plusieurs manières :
-
« pratiques de soins non conventionnelles » (PSNC) par le ministère des Solidarités et de la Santé ;
-
« thérapies complémentaires » par l’Académie Nationale de Médecine ;
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« interventions non médicamenteuses » (INM) par la Haute Autorité de Santé (HAS) ;
-
« médecines complémentaires » par l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) ;
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« médecines traditionnelles » par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
La médecine conventionnelle ou allopathique correspond, en droit français, aux pratiques des professions de santé qui désignent les professions réglementées par le code de la santé publique. Les professions de la santé, quant à elles, sont les professionnels régis par un titre professionnel non intégrés au code de la
santé publique tels que les ostéopathes, les chiropracteurs, les psychologues et les psychothérapeutes. La notion de professions de la santé(5) regroupe les professions de santé et de la santé.
La naturopathie, ou médecine traditionnelle occidentale est donc une pratique non réglementée utilisant un ensemble de techniques à visée non médicale, réalisées par un praticien, nommé naturopathe, qui n’appartient pas au corps médical. Les naturopathes n’établissent pas de diagnostic médical. Ils n’entendent pas «soigner», mais ont pour objectif d’intervenir principalement en prévention primaire, par la mise en place d’une meilleure hygiène de vie (alimentation, activité physique, gestion du stress, techniques manuelles de bien-être, etc.) qui apporte un « mieux-être » global à la personne accompagnée
Bien qu’en France la pratique de la naturopathie ne dispose pas d’un cadre
règlementaire défini par les pouvoirs publics, au niveau mondial, 34 pays ont
légiféré sur la réglementation et le métier de naturopathe (Canada, Etats-Unis,
Australie et plus proche de nous en Europe, Suisse, Allemagne…). Dans ces pays,
la pratique de la naturopathie s’inscrit ainsi dans une démarche de médecine
dite intégrative, qui fait collaborer les professionnels de la santé et du bien-être
dans une approche d’accompagnement centrée sur la personne.
Tour d’horizon en quelques chiffres et informations au niveau européen et international où plusieurs textes ont fait avancer la prise en compte et laréglementation des médecines traditionnelles et des pratiques de soins non conventionnelles et complémentaires :
- L’UNESCO reconnait la naturopathie en tant que médecine traditionnelle
- En 1988 le Bureau International du Travail enregistre la naturopathie
- En mai 1997 le Parlement Européen, dans le cadre de sa commission de l’environnement, de la santé publique et de la protection des consommateurs, vote la résolution Lannoye et Collins(6) pour inciter la commission européenne et les États membres à évaluer et à réglementer les médecines non conventionnelles.
- En 2012 le Centre d’Analyse Stratégique, aujourd’hui France Stratégie, a ouvert formellement la voie à une meilleure prise en compte des médecines non conventionnelles en France dans sa note d’analyse(7) adressée au Premier ministre intitulée « Quelle réponse des pouvoirs publics à l’engouement pour les médecines non conventionnelles ? ». La naturopathie est mentionnée à plusieurs reprises dans le cadre de pratiques préventives et d’éducation à la santé, dans le but de préserver son capital santé et de bien vieillir.
- Stratégie 2014-2025 de l’Organisation Mondiale de la Santé sur les médecines traditionnelles, appelle l’ensemble des États à renforcer le rôle et la réglementation de la naturopathie et de l’ensemble des médecines traditionnelles pour les actions essentielles qu’elles apportent dans la prévention et la santé des populations. En effet, au niveau mondial, 70% de l’offre de soins primaires aux populations est constituée par les seules médecines traditionnelles.
Norme AFNOR de la naturopathie, une première en France et en Europe !
Les membres du Collectif Naturopathie ont financé et réalisé de 2021 à 2022, une étude de faisabilité pour créer la première norme du métier de naturopathe en France. Cette étude a permis de lancer début 2023, l’écriture effective de la norme AFNOR, l’organisme de normalisation en France, avec comme objectif de mieux encadrer la profession, notamment en ce qui concerne les compétences et savoir-faire requis d’un naturopathe, pour s’assurer du niveau de qualité et de sécurité des accompagnements proposés. Le travail de rédaction de la norme s’est achevé en novembre 2023 et la norme devrait être publiée en 2024. Cette nouvelle norme sera une grande première en France et en Europe et couvre la formation, la déontologie et la pratique du métier de naturopathe.